Bienvenue sur notre page consacrée à la compréhension du risque iatrogène. Ce terme, dérivé du grec « iatros » (médecin) et « genes » (qui engendre), désigne les complications ou effets secondaires indésirables provoqués par des traitements médicaux. Explorons ensemble ce concept essentiel pour une prise de décision éclairée sur votre santé.

Lorsqu’un professionnel de la santé prescrit un traitement, qu’il s’agisse de médicaments, de chirurgie, ou d’autres interventions, il vise à améliorer la santé du patient. Cependant, chaque traitement comporte des risques potentiels, et  le risque iatrogène se manifeste lorsque les effets secondaires indésirables surpassent les bénéfices attendus.

Le risque iatrogène, présent pour divers traitements médicaux, peut entraîner des déséquilibres hormonaux, conduisant à une hyperthyroïdie ou une hypothyroïdie. Ce phénomène n’est pas limité aux seuls traitements pour les troubles thyroïdiens, mais s’étend à d’autres médicaments, tels que l’amiodarone utilisé pour traiter les problèmes cardiaques. Des ajustements inappropriés ou des réactions individuelles à ces médicaments peuvent perturber le fonctionnement normal de la thyroïde.

Lorsqu’un patient prend des traitements médicaux, le risque iatrogène peut donner lieu à une hyperthyroïdie, c’est à dire une production excessive d’hormones thyroïdiennes T4 (thyroxine) et T3 (triiodothyronine). Ce déséquilibre hormonal peut découler d’une réponse individuelle inhabituelle au médicament, de posologies inadéquates, ou de la composition même du traitement administré.

Voici quelques manifestations courantes à surveiller, signes d’une stimulation excessive de la thyroïde dans le contexte de certains traitements médicaux :

1. Agitation et nervosité : L’hyperthyroïdie peut se manifester par une augmentation marquée de l’agitation et de la nervosité.
2. Palpitations cardiaques : Les patients peuvent éprouver des palpitations cardiaques et un rythme cardiaque accéléré.
3. Perte de poids involontaire : L’hyperthyroïdie peut entraîner une perte de poids non intentionnelle, souvent accompagnée d’une augmentation de l’appétit.
4. Insomnie : Les troubles du sommeil, tels que l’insomnie, peuvent résulter de la perturbation des cycles de sommeil dus à une activité accrue du système nerveux.
5. Sensation de chaleur continue : Une chaleur constante, même dans des conditions ambiantes normales, peut résulter de l’augmentation du métabolisme corporel.
6. Faiblesse musculaire : Une faiblesse musculaire peut être ressentie, affectant la force et l’endurance physique.

L’hypothyroïdie iatrogène se caractérise par une insuffisance des hormones thyroïdiennes thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3). Ces hormones jouent un rôle important dans la régulation du métabolisme et de l’énergie du corps. La diminution de leur production peut être causée par des ajustements inappropriés de la posologie des médicaments, des réponses individuelles spécifiques ou des interactions médicamenteuses.

Divers traitements médicaux peuvent à conduire à une hypothyroïdie. Par exemple, le traitement par iode radioactif pour l’hyperthyroïdie et l’ablation totale ou partielle de la thyroïde entrainent rapidement une hypothyroïdie. Une hypothyroïdie peut aussi arriver dès années après la radiothérapie cervicale utilisée dans le traitement de cancers comme le cancer du larynx ou le lymphome.

Les médicaments apportant une surcharge en iode sont aussi responsables d’hypothyroïdie. On retrouve l‘Amiodarone (Cordarone ®) pour les troubles du rythme cardiaque, les produits de contraste radiologique et le antiseptiques locaux (Biseptine®).

Le sel de lithium (Theralithe®) pour les troubles de l’humeur, et les interférons et les immunothérapies peuvent également peuvent provoquer une hypothyroïdie.

Enfin, une mauvaise adaptation des antithyroïdiens de synthèse dans le traitement de l’hyperthyroïdie est une cause plus fréquente d’hypothyroïdie iatrogène. La surveillance attentive de la fonction thyroïdienne s’impose donc lors de ces traitements pour minimiser les risques potentiels d’hypothyroïdie induite par l’iatrogénie.

Bien que l’hypothyroïdie iatrogène puisse susciter des inquiétudes, il est important de noter que  la gestion adaptée des traitements peut considérablement atténuer ses effets. Voici quelques symptômes de l’hypothyroïdie:

1. Fatigue persistante : Une sensation constante de fatigue et de faiblesse peut résulter du ralentissement du métabolisme lié à l’hypothyroïdie.
2. Prise de poids inexpliquée : Un métabolisme plus lent peut conduire à une prise de poids inexpliquée, même en l’absence de changements significatifs dans le régime alimentaire ou l’activité physique.
3. Sensibilité accrue au froid : Une diminution de la régulation thermique due au déficit hormonal peut entraîner une sensibilité accrue au froid.
4. Peau sèche et cheveux fragiles : Des changements dans la santé de la peau, tels que la sécheresse cutanée et la fragilité des cheveux, sont des manifestations fréquentes de l’hypothyroïdie.
5. Troubles de la concentration et de la mémoire : Des difficultés de concentration et des problèmes de mémoire peuvent survenir en raison d’une cognition altérée associée à un déséquilibre hormonal.

L’Amiodarone est un médicament antiarythmique, utilisé dans la prévention et le traitement de certains troubles du rythme cardiaque. Il est riche en iode : 1 comprimé d’Amiodarone donne l’apport iodé nécessaire au corps pour une année !

La survenue d’une hypothyroïdie lors d’un traitement par amiodarone est habituellement précoce, souvent dans les 10 premiers mois du traitement, plus rarement après 18 mois. Habituellement, une hypothyroïdie discrète et asymptomatique dépistée par la surveillance biologique systématique se corrige rapidement après l’interruption de l’amiodarone et ne justifie aucune thérapeutique. Si l’hypothyroïdie persiste ou s’aggrave, on institue une hormonothérapie substitutive par Lévothyroxine pendant le traitement par Amiodarone et si, du fait de la situation cardiaque, le maintien de l’amiodarone est impératif, la Lévothyroxine peut être maintenue au long cours.

L’hyperthyroïdie par Amiodarone peut nécessiter un arrêt du traitement et peut être traitée par des antithyroïdiens de synthèse ou des glucocorticoïdes.

Revue par Marie le 20/12/2023